éditions sud ouest / 1998-2005
éditions / changement / livres / images et textes / jaune / région / / tourisme
/ cuisine / patrimoine…
Fondées il y a une vingtaine d’années par le groupe qui édite le journal éponyme, les éditions Sud Ouest publient des livres illustrés, touchant à tous les domaines des cultures régionales – du grand Sud-Ouest dans un premier temps puis, de proche en proche, des autres régions de France : tourisme culturel, histoire, patrimoine, cuisine, pêche, nature, ornithologie, etc.
Quand nous sommes interpellés, en 1998, le catalogue compte déjà près de cinq cents titres plus ou moins répartis dans différentes collections, mais sans véritable identité graphique. L’entreprise vient d’internaliser la composition, et l’atelier de PAO en est à ses premiers balbutiements, avec ce que cela suppose d’approximations… Les livres sont donc – de notre point de vue – très mal faits, mais en même temps, ils se vendent relativement bien. Il s’agit donc d’avancer, mais, en douceur.
La demande porte sur la « modernisation » et la clarification de l’image des productions éditoriales et sur l’élaboration d’une charte graphique simple et surtout très facile à mettre en œuvre par le service interne. Avec trois contraintes fortes : ne pas rompre totalement avec les codes antérieurs, et notamment la couleur jaune, présente depuis le début ; imaginer un système « tout terrain » permettant de générer quasi mécaniquement des couvertures illustrées ; et rendre lisible la singularité de chaque collection dans une cohérence d’ensemble.
Du changement
Comme il n’est pas d’actualité de toucher à la marque, nous imaginons un projet graphique fondé uniquement sur deux composantes, mais structuré à l’extrême : un choix typographique monomaniaque (Frutiger) et un principe d’aplats de couleurs, de découpes et de « fenêtres à images » permettant d’utiliser toutes sortes d’illustrations de différentes qualités. La mécanique graphique est implacable, et le « avant-après » ne souffre pas la discussion. Pourtant – comme les enjeux sont importants –, avant de valider les changements, il nous faudra faire la preuve de la fiabilité du projet, de sa polyvalence et de sa simplicité de mise en œuvre. Nous réaliserons alors toute une série de maquettes, répondant à tous les cas de figure, et même au-delà…
Une fois nos propositions adoptées – le premier livre de la nouvelle formule sort en 1999 –, il faudra plusieurs années pour voir enfin ce travail se concrétiser dans sa globalité. Et ce n’est guère que dans le catalogue 2004 que disparaîtront définitivement – à une dizaine d’exceptions près tout de même – les couvertures antérieures à notre intervention.
Cette inertie dit bien la complexité de gérer un catalogue, et la difficulté de concilier une problématique de changement avec des impératifs industriels. Paradoxalement, alors que le milieu de l’édition semble très perméable aux effets de mode, nous mesurerons ici très concrètement le poids du papier !
Du design
Tout est bien sûr encore loin d’être parfait – et nous avons parfois été un peu agacés en découvrant tel ou tel titre en librairie –, mais indéniablement, l’intervention du design a permis de questionner, conforter et vivifier le projet éditorial. Avec ses nouveaux habits, les éditions Sud Ouest ont franchi un palier, et certaines collections ont réellement pris de la consistance.
Mais on touche également ici aux limites du projet… Tout d’abord, il est difficile d’imaginer des solutions graphiques performantes quand celles-ci sont destinées à être mises en œuvre par d’autres, surtout lorsqu’il est question d’images. Tout ne peut pas être prédéfini dans une charte graphique : ce n’est ni possible ni souhaitable. Il y a toujours un moment où il faut faire des choix visuels, décider d’un cadrage, d’une confrontation d’images, d’une rupture, etc. Autant de paramètres impossibles à codifier… Ensuite, le design graphique ne peut pas tout. Mettre en pages une matière déjà constituée – avec un texte écrit et des images imposées – dans un livre donné, avec un format et un nombre de pages définis, relève parfois davantage du bricolage, du casse-tête chinois que du projet formel…
Pour élaborer les mises en pages intérieures, nous avions proposé de réaliser des « pilotes » dans les principales collections pour résoudre – notamment pour les livres illustrés – les principales difficultés de mise en pages et esquisser a minima un vocabulaire graphique appropriable par d’autres. Nous avions alors proposé de courtes séances de formation à partir de ces maquettes.
Le résultat sera finalement un peu décevant, et nous pensons aujourd’hui qu’il aurait sans doute fallu, à ce moment-là du projet, revendiquer une réelle mission de direction artistique. À la fois pour suivre, accompagner, enrichir le propos, mais également introduire dans le temps la variabilité nécessaire pour éviter de donner l’impression que c’est toujours un peu les mêmes livres que l’on édite…
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Éditions Sud Ouest – charte graphique – pilotes dans chaque collection
Maîtrise d’ouvrage : Éditions Sud Ouest, 1998-2005
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